Les enfants martyrs

Publié le 21 mai 2011 à 09h30 | Mis à jour le 21 mai 2011 à 09h30

Depuis quelques années, de nombreux enfants du Québec subissent des traitements tels qu'ils nous rappellent ceux infligés à Aurore, l'enfant martyre, en 1920, dans une petite municipalité du Québec, appelée Fortierville. Cette histoire, largement médiatisée, a fait le tour du Québec et fut même présentée au théâtre Alcazar de Montréal, dès 1921, sous forme de pièce de théâtre. Pendant 30 ans, la pièce a été jouée en tournée un peu partout au Québec et, en 1952, Jean-Yves Bigras reprit au cinéma cette histoire sordide sous le titre La petite Aurore, l'enfant martyre.

À cette époque, comme aujourd'hui, quand nous observons le traitement subi par le petit Jérémy Bastien, aux mains de sa marâtre, Stéphanie Meunier, nous sommes confrontés au même barrage de questions: qu'est-il donc arrivé à cet enfant, battu à répétition, meurtri, abandonné à son martyr, sans que ses bourreaux soient dénoncés? Comme cette famille censée le protéger est-elle devenue le lieu des pires sévices? Voilà autant de questions auxquelles nous ne trouvons guère de réponses, et c'est justement cela qui constitue un scandale. Confortablement installés dans notre indifférence, dans notre mutisme, dans nos peurs de nous mêler des affaires des autres, des enfants crient au-secours et nous ne les entendons pas.

Nul besoin d'être grand clerc pour se rendre compte que nous sommes en présence d'un débat de société gravissime, et nous avons tous un droit de parole, un droit de regard. C'est simple et facile de jeter le blâme sur la Direction de la protection de la jeunesse (DPJ), de les accuser de ne rien faire, ou de n'en pas faire assez, mais il faudra, tôt ou tard, prendre nos responsabilités de citoyens, et faire notre part. Et notre part se résume en une phrase: dénoncer sans tarder toute situation qui nous inquiète, toute situation où l'on pense que des enfants sont injustement traités.

Un enfant portera toute sa vie les marques de l'enfance, les mauvais traitements. Comme les écrits, les cicatrices restent et perdurent dans le temps.

Augustin Réhel, Percé

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