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Messages : 206 Points : 617 Réputation : 0 Date d'inscription : 12/05/2012 Age : 79 Localisation : La Louvière/Belgique
| Sujet: Le père a tué le fils : c’était un accident Ven 20 Juil - 12:09 | |
| posté le 18 juin 2012
Justice. Verdict dans le procès Younes C’était un accident. C’est désormais une vérité judiciaire : Mohamed Jratlou a tué son fils Younes sans avoir jamais envisagé ou voulu cette issue tragique. Vendredi matin, les jurés des assises du Hainaut, après en avoir longuement débattu – leur délibération avait débuté la veille, en fin de matinée – ont déclaré l’accusé coupable de coups et blessures volontaires ayant entraîné la mort de l’enfant sans intention de la donner. Avec cette double circonstance aggravante que la victime était un mineur d’âge et que l’auteur des violences qui lui coûtèrent la vie était son père.
L’arrêt est tombé quelques heures après le verdict : Mohamed Jratlou a été condamné à une peine de 9 années de réclusion. Une sanction passablement clémente puisque, lesté de ces deux circonstances aggravantes, son geste aurait pu lui valoir jusqu’à quinze ans d’emprisonnement.
Mohamed Jratlou est demeuré impassible à la lecture du verdict. Son épouse, Naïma Zraidi, s’est effondrée : elle n’a jamais cessé de croire en l’innocence de son mari contre lequel elle s’était constituée partie civile à la seule fin de dire sa conviction. Le jury a répondu « non » à la première question : il acquitte Mohamed Jratlou de la prévention de meurtre. Il a répondu « oui » aux suivantes, rajoutées en cours de procès par le président Olivier Delmarche. De la motivation du verdict, il ressort que le jury a retenu un scénario qui ne fut évoqué par aucune des parties au procès : dans le contexte de violence paroxystique auquel son épouse venait de se soustraire en prenant la fuite, cette nuit-là, Mohamed Jratlou avait, dit le verdict, porté des coups violents à Younes, son fils cadet, pour l’empêcher de suivre sa mère. Il l’avait ensuite étouffé en tentant, à toute force, de le faire taire : il avait appuyé sa main, encore et encore, sur la bouche du gamin, il avait comprimé sa poitrine pour réprimer ses cris. L’enfant, tout juste quatre ans, était mort. C’était un accident : Mohamed Jratlou n’était pas animé par l’intention de tuer son fils. La couverture bleue Le verdict se réfère aux conclusions des médecins légistes pour affirmer que seul un adulte – gaucher, de surcroît, comme l’accusé – pouvait infliger à l’enfant des blessures et des lésions de cette gravité. Mohamed Jratlou, dit encore le verdict, a causé la mort de Younes sitôt son épouse disparue : le drame occupe la première des deux « zones d’ombre » de cinquante minutes qui, selon l’enquête, entachent son emploi du temps. Il se débarrasse ensuite du corps enveloppé dans une couverture bleue – celle dont on retrouvera de nombreuses fibres sur le corps de l’enfant – en le jetant dans la Douve, à quelques kilomètres de la maison familiale : l’opération mobilise les cinquante autres minutes sur l’emploi desquelles l’accusé peinait à s’expliquer. Le jury n’a pas cru à la thèse du prédateur inconnu, évoquée par la défense : l’enfant, dit le verdict, n’a pas quitté la maison, cette nuit-là. On n’avait retrouvé aucune trace de son sang aux abords du domicile des Jratlou – le labo en identifia plusieurs à l’intérieur. Naïma Zraidi partie, ils n’étaient plus que trois à la maison : les deux gosses en panique et leur père en fureur.
Réactions
Me Xavier Magnée
« Le verdict du jury est allé dans le bon sens, a commenté l’avocat de Mohamed Jratlou. Les jurés ont eu la sagesse de saisir la perche que leur avait tendue le président de la cour d’assises en introduisant cette question relative aux coups et blessures volontaires ayant provoqué la mort sans l’intention de la donner. »
Me Jean-Jacques Vandenbroucke « Ma cliente, a réagi l’avocat de Naïma Zraidi, l’épouse de Mohamed Jratlou, demeure convaincue de l’innocence de son mari. Elle persiste à croire qu’il existe, quelque part, une autre vérité que ce procès n’a pu révéler. Mais la vérité judiciaire est dite et elle devra apprendre à l’accepter. Avec cette béquille qui la soutiendra peut-être dans sa souffrance : le jury a considéré que c’était un accident, que Mohamed Jratlou n’était pas animé par la volonté de tuer. »
DETAILLE,STEPHANE
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