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Messages : 206 Points : 617 Réputation : 0 Date d'inscription : 12/05/2012 Age : 79 Localisation : La Louvière/Belgique
| Sujet: 96 heures au cœur de la brigade des mineurs Jeu 26 Juil - 9:57 | |
| Publié le lundi 19 mars 2012 à 08h43
La parole de l’enfant n’est pas toujours vérité. Grâce à l’expérience et une grande capacité d’adaptation les enquêteurs de la BPMF arrivent à distinguer les menteurs des vraies victimes.(Photo ABJ) Durant 4 jours, nous avons suivi Sonia, Jean, Hélène, Didier, Valérie et Tony, les six enquêteurs, pour mieux comprendre comment se traite une délinquance souvent qualifiée d’abjecte
En entrant dans les bureaux des « mineurs » à Grasse, on ne peut s’empêcher de penser au film Polisse. L’affiche de cette fiction réaliste, placardée sur le mur, conforte ce sentiment. Tout comme le décor, les personnages de l’équipe évoquent l’œuvre de Maïwen.
Là il s’agit bien de la vraie vie. Sans romance, sans fioriture ni effets de styles. Du brut, pour un quotidien aussi brutal que le film le dépeint. Où les mots et les détails les plus crus sont le langage courant.
« On voit de tout »
Six policiers, triés sur le volet, forment cette brigade à part dans l’institution policière. Trois femmes et trois hommes, pour une mixité souhaitée. Comme un équilibre des forces et des sensibilités. Tous aguerris et tous motivés, chacun à son caractère et chacun ses émotions. Dans ces différences naît une complémentarité utile face à l’adversité du métier, qui renforce l’esprit d’équipe. Depuis deux ans, ils gèrent uniquement les violences touchant les mineurs ou la cellule familiale sur le territoire de compétence du tribunal de Grasse. Abus sexuels. Pédophilie et incestes. Violences conjugales. Viols au sein du couple. Fugues et disparitions inquiétantes. Maltraitance sur enfants… À la fois sordide et traumatisant pour un commun des mortels qui aborde toujours ces problématiques par l’affect.
Pour Sonia, chef de groupe, Valérie, Hélène, Jean, Didier et Tony il faut faire avec. Parce qu’ils l’ont choisi. Parce que c’est leur job. « On voit de tout, on fait de tout dans les milieux les plus miséreux comme les plus chics. Il n’y a pas de règle établie en la matière. On a pu voir par exemple un enfant secoué chez un couple de médecins. Mais on prend ça avec recul, notre objectif c’est d’aider les victimes et de coincer les auteurs », précise Sonia.
Enfant maltraité à Cagnes ?
Ce quotidien, si horrible et difficile qu’il puisse paraître, se raconte. Les journées démarrent tôt et finissent très tard. Chaque coup de téléphone peu être une nouvelle affaire. Dring! Les services de la protection de l’enfance viennent de faire un signalement d’un enfant de deux ans qui subirait des violences.
Sans se poser de questions, Sonia, Valérie et Didier foncent à Cagnes-sur-Mer. « Dans ce métier, le temps est précieux », assure Didier. Face aux policiers, la directrice de la crèche où se trouve le petit est surprise. « On ne pensait pas que ça irait si vite. Vous ne pouvez pas prendre l’enfant, ça va le traumatiser. » C’est ce qui va se passer avec force persuasion. Quand la machine BPMF est enclenchée, rien ne l’arrête. L’enfant est emmené chez un médecin légiste à Antibes. Fausse alerte : il n’a rien. « Peut-être que la prochaine fois, les éducatrices réfléchiront avant de faire un signalement farfelu », estime Sonia.
Images pédophiles par milliers
Face à Hélène, en audition, un homme de 35 ans qui a été débusqué sur Internet. Dans son ordinateur, les enquêteurs ont retrouvé 150000 fichiers à caractère pédo-pornographique. Des images et vidéos qui font froid dans le dos. Il déclare qu’il aime les mangas pédophiles et qu’il a voulu voir comment c’était en vrai. Son matériel est saisi et placé sous scellés le temps que l’homme comparaisse devant le tribunal correctionnel. « Le pire, c’est qu’il ne comprend pas ce qu’il a fait de mal, et tout ce qui importe, c’est de savoir si on va lui rendre son ordinateur », regrette Hélène.
Une mère frappée
La brigade est appelée à Cannes. Un homme de 51 ans, condamné pour violences sur sa mère, vient de réitérer. « Pourtant, il avait interdiction de l’approcher à moins de 500 mètres. Il venait juste de sortir de prison », constate Valérie. L’homme, alcoolique au mode de vie marginal, est revenu vivre dans le « taudis » familial. Au milieu des immondices, des crottes de chiens et d’une saleté indescriptible dormait sa mère de 73 ans. « Il l’a battue avec une telle violence… son visage est difforme. Maintenant, il va falloir la placer sous tutelle », estime Sonia. Le fils, lui, ne coupera pas à la sanction.
Violés par leur frère ?
Avec ce dossier, Didier touche du doigt l’insoutenable. Le viol dans la fratrie. Reste à distinguer le vrai du faux. Qui dit la vérité ou ment, quand il y a cinq ans, le plus vieux protagoniste n’avait que 13 ans. Lui-même victime d’inceste, il aurait violé sa petite sœur et ses deux petits frères. Une famille instable, et des enfants nés de pères différents. Foyer propice?
En audition, dans la salle Mélanie qui offre un décor apaisant avec des jouets, Didier adapte son vocabulaire et parle avec des mots d’enfant. Mais cinq ans après, les détails ont changé, les actes qui auraient été commis sont finalement atténués.
http://www.nicematin.com/article/home-page/96-heures-au-coeur-de-la-brigade-des-mineurs.820065.html | |
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